Hip Opsession Reboot : les débuts d’une belle rencontre

Vendredi 11 et samedi 12 octobre dernier, le hip-hop et la musique urbaine ont envahi le site Transfert de Rezé, en banlieue nantaise. Situé sur l'ancien terrain d'un abattoir animalier près du Atout Sud, la rencontre d'un concept très fantasque au milieu musical urbain avait de quoi mettre une bonne ambiance. Retour sur un week-end de hip-hop qui a tout d'une belle promesse.
Un lieu hors du temps
Le transfert est situé sur le terrain d'un ancien bâtiment d'abattage agroalimentaire. Vétuste et abandonné, le projet était de créer une ambiance éphémère et un cadre de vie fantasque sur une surface vaste. Les quatre chapiteaux (le bar, M, L et XL) du festival se sont intégrés parfaitement au décor. Un bateau terrasse et l'empilement de conteneurs, faisant un petit clin d'oeil au passé de la ville de Nantes, et une tête de taureau et un serpent sortant de terre donnaient une ambiance apocalyptique au festival. Des food-trucks étaient présents pour satisfaire un autre sens cognitif du public, le goût : hamburger, pasta et même vegan. La boutique, intégrée aux grandes colonnes de conteneurs, a proposé une gamme de produits dérivés abordable et variée. Le vendredi a réuni de nombreux fans sous un chapiteau XL accueillant notamment Hocus Pocus et 13 Block. Le samedi, moins « tête d'affiche », a tout de même réuni un public excité par les nombreux talents présents. Environ 5 000 personnes ont foulé le terrain vendredi soir, un peu moins le samedi. Le festival a encore le temps de prendre une bonne ampleur à moyen terme après une première édition bien réussie et une belle programmation.
Un festival à la hauteur
L'année dernière, le festival n'existait pas réellement. Hip Opsession s'étendait sur trois semaines avec trois salles sur Nantes qui recevaient des artistes hip-hop. L'étape franchie, le plus dur était de rendre l'affiche alléchante. L'organisation semble avoir décidé de réunir un maximum de générations par ses invitations. Neg Marrons, The Herbaliser ou encore Hocus Pocus n'étaient pas dédié à la nouvelle génération 2000 malgré les belles invitations de C2C, The Children of Zeus ou encore d'Alltta qui ont rappelé une certaine nostalgie de la décennie passée, qui touche à sa fin. Côté hip-hop, le festival a marqué le coup avec les invitations de Demi-Portion, 13 Block et Georgio. Seulement, il y avait une autre facette du festival que les curieux n'ont peut-être pas assez remarqué. La plupart de la programmation a permis à des artistes francophones avec moins de visibilité de se faire remarquer. Davodka, Lefa et Isha étaient par exemple présents, ces derniers étant nettement reconnus par le public rap mais méconnus du grand public. Makala, 404 Billy, Moka Boka ou encore Zed Yun Pavarotti ont également mis le feu sous le chapiteau M. AS Tec a pu représenter la scène angevine et la qualité locale du rap le long de la Loire. De plus le festival a mis en avant un rap féminin montant avec Lala&Ce. Illa J, Nadia Rose et Dope Saint Jude, artistes anglophones, peu reconnus en France, ont utilisé la scène pour faire part de leur talent. Le festival Hip Opsession était donc avant tout un moyen pour des artistes de pouvoir échanger avec un public qui les écoute ou qui va les intégrer à leurs playlists. Le public est passé par toutes les émotions, du turn up aux larmes dans un lieu hors du temps. Personnellement, la prestation du marquis suisse du rap Makala et la tornade sud-africaine Dope Saint-Jude m'ont énormément plu, avec une belle prestance et un partage total de la scène avec le public qui rend un concert beaucoup plus vivant.
Une belle perspective d’avenir
L'organisation connaissait ses réels débuts pour tenir un festival, c'est une bonne réussite. Très rigoureuse au niveau du timing, elle a su tenir l'évènement dans les bonnes conditions. L'espace devrait être mieux occupé la prochaine fois à l'automne 2020. Entre temps, le Hip Opsession aura un évènement en janvier. L'occasion de profiter du hip-hop dans l'Ouest, région d'où très peu de rappeurs s'exportent. Voilà ici un point que le festival pourra mettre encore plus en avant dans les années à venir. Le festival devrait avoir lieu sur site jusqu'en 2023, permettant au rap local de pouvoir progresser avec l'événement. Lors de cette édition, des rap-battles ont eu lieu, la station de radio Mouv' était présente pour relayer le talent des freestylers. Coelho est passé à l'antenne, sans se représenter sur scène. Le rap nantais a une belle génération, le festival a de bonnes bases. Rendez-vous l'année prochaine pour une nouvelle belle rencontre !
